Diaporama photos de Claude : St Nazaire Orléans

lundi 27 septembre 2010

Point final...

Conclusion,

Il faut bien terminer…Ce voyage que je viens d’effectuer je le mûrissais depuis un an. Il s’inscrivait dans la perspective de mon départ en retraite que j’avais décidé de prendre à partir du 1er juillet. J’avais souvent utilisé pour qualifier ce projet à entreprendre ce voyage, le verbe « digérer » ma carrière professionnelle. En effet un départ en retraite est une rupture avec un mode de vie rythmée par les horaires de travail, par les relations sociales qu’on entretient avec son environnement professionnel. Préparer ces changements, anticiper cette rupture m’apparaissait alors important. J’aurais pu comme j’en ai pris l’habitude ces dernières années partir loin de l’Europe et entreprendre un trek dans les massifs himalayens, dans l’environnement si particulier de ces montagnes aux frontières du Tibet. Mais ce type de voyage constitue aussi une rupture qui serait venue s’ajouter à celle engendrée par l’arrêt de mon activité professionnelle. Alors m’est venue cette idée de partir à vélo. La bicyclette a quasiment toujours été mon mode de déplacement habituel, au moins pour les déplacements de proximité. Elle a été également source de loisirs sportifs pour parcourir les chemins ou gravir quelques cols en montagne. Très bel instrument de locomotion, non polluant, le vélo se prête magnifiquement au voyage tranquille et sur des longues distances quand on a le temps devant soi. 


Ce temps, j’allais l’avoir. Alors tout naturellement ce projet s’est construit à partir d’un itinéraire facile, puisque déjà tracé par les concepteurs de l’Euro vélo 6, d’autant plus facile encore pour moi puisque cette route vélo passe quasiment au pied de mon immeuble. La route de la « Loire à vélo » est à cinq cents mètres…Symboliquement je suis donc parti tranquillement de chez moi et progressivement, sans rupture, en l’espace de quelques semaines, je suis passé de mon environnement habituel vers un univers différent tant du point de vue physique, que du point de vue humain. J’ai donc « transité » à la vitesse du vélo dans ces nouveaux environnements.  

Dans l’introduction que j’avais faite à mon blog je disais que les fleuves structurent les territoires. L’histoire et ici l’histoire européenne s’est construite autour de ces trois  grands fleuves que sont la Loire, le Rhin et le Danube. Cela m’intéressait de les suivre pour remonter en quelque sorte cette histoire qui est la notre de la plus ancienne avec les Celtes à la plus proche avec la construction de l’Union Européenne. Et ce d’autant plus que je n’avais jamais voyagé ou très peu dans les pays d’Europe centrale et d’Europe orientale.
En remontant la Loire avec ses châteaux, 














en remontant le Rhin qui ne forme pas tout à fait, comme je le pensais, une frontière systématique entre l’Allemagne et la Suisse















et en suivant le Danube de sa source à son delta, j’ai donc appris ou réappris ce que l’on m’avait enseigné  durant ma scolarité (pas très brillante d’ailleurs), mais surtout ensuite, soit dans le cadre de mes études, soit dans le cadre de ma vie personnelle à travers mes lectures de la presse, des ouvrages économiques, historiques, politiques, des romans…
Ce voyage initiatique, au sens où c’était la première fois que je partais aussi loin et aussi longtemps à bicyclette m’a permis de découvrir l’Europe en devenir. Une Europe non pas vieillissante mais au contraire portée vers l’avenir tout en étant forte de son histoire. Le Danube long de près de 3.000 km irrigue dix pays européens, prenant sa source à seulement quatre vingt km de la frontière française, il traverse l’Allemagne, l’Autriche, la Slovaquie, la Hongrie, la Croatie, la Serbie, la Bulgarie, la Roumanie, la Moldavie et l’Ukraine.
C’est la voie fluviale la plus importante de l’Europe et on pourrait imaginer que ce fleuve, comme il l’a été il y a quelques siècles, redevienne une route fluviale majeure entre l’Europe centrale et la Mer Noire. Déjà un trafic de péniches important existe sur certaine partie du fleuve, il est bien balisé. 
Si l’UE décidait d’investir massivement dans le transport fluvial cela pourrait peut être éviter la construction d’un couteux réseau autoroutier…Traversant plusieurs grandes capitales : Bratislava, Vienne, Budapest, Belgrade, ce grand fleuve pourrait faire émerger des zones économiques aujourd’hui plus ou moins sinistrées, je pense notamment aux rives bordant la Roumanie et la Bulgarie et être un facteur de dynamisation de ces régions.
Ce voyage ne relève pas d’un exploit sportif…certes faire un peu plus de 5.000 km en deux mois et demi n’est sans doute pas à la portée de tous, il faut être prêt physiquement et …mentalement et puis c’est une lapalissade il faut aimer le vélo ! bien sûr quelque part, pour moi qui est fait et continue à faire un peu de compétition en course à pied, il y a une part de défi personnel et de performance, je ne pourrais pas le nier, mais ce n’était pas cela qui primait. C’était avant tout d’aller tranquillement à la découverte d’un environnement physique et humain que je ne connaissais pas. Une image forte me restera, la ville de Vukovar, toujours marquée par les stigmates de la guerre avec ses maisons, ses immeubles en partie détruits. 
Elle représente le symbole de l’échec de l’U.E. à régler des conflits au sein de l’espace européen. Faisant le constat de cet échec et des nouvelles configurations économiques et politiques avec  l’entrée des pays de l’Est européen,  les dirigeants de l’U.E. tentent des réformes politiques nécessaires afin que l’Europe se dote d’institutions politiques solides et lisibles afin que ce type de conflits ne se renouvelle pas et en accompagnant la Serbie et la Croatie d’aides au développement. Du marché commun de 1957 à l’U.E. composée de 27 pays, l’Europe a trop laissé la place aux objectifs économiques en délaissant les adaptations de ses institutions politiques et son mode de gouvernance à cet espace social et économique qui n’a cessé de s’agrandir, notamment à la suite de l’effondrement du bloc de l’Est.
L’intérêt de ce voyage résidait également dans le fait que nous traversions des zones, des territoires, des espaces qui ne sont pas du tout touristiques. Parfois l’environnement physique n’avait rien d’idyllique, je pense à toutes ces anciennes zones industrielles qui font plus penser à Tchernobyl qu’à des couchers de soleil sur une plage des îles tropicales ! 
Faire les courses dans les petites épiceries des villages perdus, boire un verre dans des bistrots crades c’est aussi entrer au cœur de la vie des pays. C’est aussi cela l’intérêt du voyage à vélo, au contraire d’un voyage en automobile, on est obligé de s’arrêter pour se ravitailler ou dormir là où c’est possible. On ne peut pas se dire « Dans 50 km il y a une grande ville où je ferai les courses ! » à vélo les km sont comptés ….Mais dans ces petites épiceries-bistrots c’est aussi là où les gens essaient d’échanger avec nous…ce n’est pas facile évidemment, la barrière de la langue nous empêche d’aller très loin dans l’échange. Mais des voyageurs à vélo dans des contrées un peu perdues cela suscite souvent la sympathie.
Ce voyage je l’ai fait en partie seul, en partie accompagné. Cela a été important de pouvoir alterner ces moments un peu solitaires avec des moments où nous étions plusieurs. Commencé avec Claude de St Nazaire à Orléans, 
puis, un petit moment avec Dominig de Mulhouse à Ulm. Claude me retrouvera à Budapest, puis Dominique, l’un de mes frères à Belgrade. 
Ayant passé plus d’un mois avec Claude, je lui dois en grande partie la réussite de ce voyage. Nous avions en commun la passion de la montagne, des treks en Himalaya. Lui avait parcouru les Andes que je connaissais un petit peu. À cela s’ajoutait une approche très voisine de la manière de voyager. Avec lui j’étais très serein et il tenait très bien les comptes ! Se débrouillant très bien dans les langues (qui ne sont pas malheureusement mon domaine de prédilection !) les choses étaient beaucoup plus simples. Ce premier long voyage ne peut que susciter d’autres projets plus ambitieux…on en reparlera. Il aura été un très grand compagnon de voyage.
Pour terminer je ne pourrais oublier mes collègues de travail. Durant cette dernière année la  confiance réciproque que nous avions établie m’a permis de cesser mon activité professionnelle tranquillement. Je savais que les projets que nous avions construits ensemble, mes collègues, chacun dans leurs domaines spécifiques, administratif, pédagogique les bonifieraient. C’est donc en toute sérénité que, comme je l’écrivais au début de cette conclusion, j’ai transité de mon activité professionnelle vers une autre période de ma vie personnelle.
Voilà le voyage est terminé, il faut mettre un point final. Deux mois et demi se sont passés, cinq mille kilomètres ont été parcourus. Ce fut une expérience humaine et culturelle enrichissante.
Si vous avez du temps, si vous aimez les activités de pleine nature, les randonnées pédestres, cyclistes…fluviales en canoës ou marines en voiliers alors n’hésitez pas partez… sur les chemins, sur les rivières ou sur les océans. Vous pourrez rêver et faire rêver…

4 commentaires:

  1. Bravo Jean-Paul, très beau voyage qu'on a pu suivre avec intérêt à travers ton blog.
    Ça donne envie de partir à vélo -- même si, pour ma part, ça serait avec un rythme/distance bien plus modérés :-)

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  2. Magnifique conclusion
    avant même d'en lire les dernières lignes,
    ce voyage suscite en moi la confirmation de faire ce genre de choses quand mes enfants auront grandi
    en kayak ou en vélo.
    En attendant, je reste un voyageur de l'infiniment petit, combinant mes déplacements professionnels à des escapades en vélo et c'est déjà extraordinaire.
    Michel Le Brigand

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  3. Bravo à toi Jean-Paul.. Tout ton périple m'a rappelé des souvenirs, j'ai suivi avec attention chacunes de tes nouvelles et cela avec grand plaisir.
    A très bientôt. Florent.

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  4. Super cette conclusion qui ouvre vers d'autres horizons. Elle me donne l'envie de suivre cette belle route chargée d'histoire et de rencontres. Pour moi aussi, la langue serait une difficulté mais le vélo est une bonne partie de l'échange très compréhensible de tous et respectueux de chacun.
    Merci de ce blog aussi bien suivi et écrit tout au long du parcours. Tu m'as permis aussi de voyager avec toi.

    A très bientôt
    Daniel Daoulas

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