Diaporama photos de Claude : St Nazaire Orléans

mardi 31 août 2010

Entrée en Roumanie


Vidin – Zaval ; 30 août

Nous prenons un ferry ce matin pour franchir le Danube
et aller à Calafat, la ville roumaine en face de Vidin. Normalement un pont devait être construit pour 2008 ; mais visiblement il y a eu beaucoup de retard car on ne voit encore que quelques piles émerger du Danube. 
Au passage de la frontière le douanier est très heureux de regarder les différents visas de nos passeports, il est vrai que le mien est quasiment tout rempli…et comme on pense pousser un peu vers l’Ukraine, il risque de ne plus avoir de pages  vierges et il n’a que 7 ans…
La première impression en entrant dans ce pays est celle d’arriver dans un pays où règne beaucoup de pauvreté…Maisons souvent en mauvais état ; détritus, plastiques partout …après un retrait d’argent au DAB de la Société Générale…(les banques françaises sont très présentes ici…notamment le Crédit agricole) nous partons en direction des rives du Danube…on traverse une série de villages qui s’étalent le long de la route…vers midi on s’arrête dans l’un d’entre eux. Curieusement nous nous arrêtons dans un snack bar mais qui ne sert pas de nourriture nous prenons des saucisses grillées à un marchand ambulant et nous les mangeons dans ce bistrot. Les petits commerces sont nombreux ils vendent un peu de tout, cela semble un peu du bric à brac…on est bien loin de nos grandes surfaces mais c’est aussi sympathique même si on ne trouve pas forcément ce que l’on veut. On n’arrive pas à acheter des fruits et c’est bien dommage…
On reprend la route, on traverse des zones rurales très démunies. 
On sait que durant 170 Km on ne trouvera pas de villes. L’étape est difficile car un vent assez fort soufflant de l’Est nous freine énormément, au contraire d’hier où le vent était de l’Ouest et nous aidait bien à avancer sans trop se fatiguer. Le paysage est plat, nous sommes dans la plaine du Danube. Espace plutôt marécageux, les gens nous saluent au passage, les enfants nous envoient des hello et des bye, bye, les automobilistes souvent nous klaxonnent pour nous saluer (pas pour nous faire savoir qu’on les gène !) On double beaucoup de charrettes tirées par des chevaux ; cela aussi c’est nouveau…on voit bien l’énorme fossé entre ce pays et les autres territoires européens que nous venons de traverser. Ici dans ces zones rurales où les touristes ne viennent pas, où les ressources sont faibles on se retrouve dans une atmosphère de pays en voie de développement. Dans les villages, les habitants sont assis sur des bancs le long de la route, ils discutent tranquillement à l’ombre… le temps passe tranquillement. 
Sur les bords des routes, on voit souvent des ouvriers agricoles assis à l’ombre sous un arbre. La soi disante modernité est loin ; mais parfois on aperçoit un engin agricole ultra moderne. 
La basse cour est de sortie sur les routes…canards, oies, dindons, etc….se baladent sur les bas côtés.
Dans l’après midi on s’arrête prendre un pot dans un bistrot…des hommes sont assis sous un parasol, leur teint est très basané, presque noir, certains parlent un peu espagnol, sans doute des ouvriers qui ont été travailler là bas. On sent beaucoup de précarité. On poursuit la route, à un moment la fumée envahit la chaussée car des incendies dans les champs se sont allumés.
À l’horizon, on voit beaucoup de fumée…les champs sont très secs et avec le vent, les verres et les plastiques qui traînent un peu partout, les incendies partent vite. La fin de la journée est un peu difficile avec ce vent qui nous freine et nous demande de forcer sur les pédales. En fin de journée on trouve un terrain de camping à la sortie d’un village à Zaval, c’est à côté du terrain de foot en bordure d’une rivière qui vient se jeter dans le Danube. 
On n’est pas particulièrement très bien accueilli…la jeune femme nous donne l’impression qu’on l’ennuie plus qu’autre chose. Nous sommes les seules personnes, plus tard deux allemandes rencontrées sur le ferry viendront elles aussi planter leur tente. Il y a un restaurant dans ce camping mais quand on demande à manger cela semble très compliqué !! on aura quand même une salade et des frites (pas congelées !!!)
Dans la soirée les propriétaires s’engueulent. Bref ce n’est pas la grande ambiance en attendant on finit du fromage et des gâteaux secs, genre biscuits de guerre, qu’on avait acheté par précaution auparavant car on a pas mal faim après une journée un peu dure (95 km) à cause de ce vent défavorable.

Zaval – Turnu Magurele 31 août

Ce matin il pleut, c’est presque une bonne nouvelle après toutes ces journées sous le soleil brûlant…dans la nuit le vent s’est levé et au petit matin une petite pluie tombait. Rien à voir avec les pluies diluviennes que j’avais connues en Autriche. La température a chuté et on supporte bien une petite polaire. On n’a pas grand-chose à manger, je fais chauffer un peu d’eau pour prendre un café, puis après avoir plié la tente nous prenons la route vers le premier village où nous ne trouvons rien à manger…il nous faut faire quasiment 20 km pour trouver une « pâtisserie » où nous pouvons acheter de quoi nous ravitailler. On ne trouve même pas un café.
Mais bonne nouvelle le vent souffle de l’Ouest et nous porte sans souci vers l’avant. Les villages comme hier s’étalent nombreux le long de la route. Mais je ressens une activité économique relativement faible. Beaucoup de vieux bâtiments abandonnés, anciennes usines, anciennes fermes d’État. On voyage dans des zones très reculées. Les paysans ramassent dans les champs les épis de maïs qu’ils chargent dans leurs petites charrettes tirées par des chevaux ou bien par des ânes. 
On voit aussi beaucoup de chiens errants dans la campagne. Plutôt craintifs ils semblent nous éviter, il parait que certains cyclistes ont été importunés par ces chiens…Le temps est frais au loin sur notre droite on aperçoit les collines de Bulgarie de l’autre côté du Danube. 
Le paysage n’est pas très beau, mais c’est aussi une réalité. Vers 13H30 à l’entrée de Corabia, nous nous arrêtons dans un petit restaurant 
où déjeunent deux cyclistes français qui comme nous sont partis de St Nazaire dans la dernière semaine de juillet. Nous faisons connaissance, ils habitent Nice et viennent d’entrer en Roumanie par le ferry  de cette ville car le côté bulgare du Danube est assez rude. Ici de ce côté c’est plat. Le restaurant  où nous sommes est d’une tristesse infinie…sombre, des caisses de bières sont empilées le long des murs. La patronne est par contre très chaleureuse, elle nous sert une bonne soupe, puis de la viande avec des frites…
Cette ville, Corabia et celle nous arriverons tout à l’heure, sont des villes totalement sinistrées. Les usines qui employaient des milliers d’ouvriers ne sont que des ruines. Turnu Magurele où nous séjournons ce soir est une ville de presque 40.000 habitants. Les artères de cette ville sont immenses ; mais il y a peu de circulation.
Pour cela en vélo on est tranquille. Je ne suis pas un fan de la voiture mais cette absence de véhicules est un indicateur qui révèle une sous activité économique. Le chômage doit être très important ici. Le soir tout est noir, triste. Nous séjournons dans le seul hôtel de la ville. Sans doute un ancien hôtel d’État. Énorme building de 8 étages, sans doute près de 100 chambres, et une dizaine de clients.
Nous retrouvons nos deux français, nos deux allemandes et trois anglais que nous avions rencontrés en Croatie. Le cyclotourisme au moins fait un peu tourner cet hôtel totalement surdimensionné !

Turnu Magurele – Giurgiu ; 1er septembre

Aujourd’hui on a choisi de faire une étape assez longue (125 Km) pour nous rendre à Giurgiu, ville qui se trouve à environ 70 km au sud de Bucarest.  En effet entre les deux villes il y a peu de possibilités d’hébergement, pas de camping, pas d’hôtel. Cette région que nous traversons, la Valachie, est une zone rurale où aucun touriste ne vient. C’est aussi ce qui fait tout son intérêt…zone rurale plutôt pauvre, 
anciens complexes industriels de l’ère Ceausescu, totalement à l’abandon. Le vent souffle pratiquement en tempête mais au moins c’est dans le bon sens
et nous allons avaler les km sans vraiment nous fatiguer d’autant que les côtes sont quasi inexistantes…nous sommes un peu écartés du Danube que nous apercevons de temps à autre. Les villages sont nombreux le long de la route.
Apparemment les maisons se concentrent le long de cette route où la circulation est très faible. On roule en toute tranquillité. Dans les villages les gens nous saluent, les enfants tendent leurs mains pour frapper dans la notre. Avec le vent violent, la température s’est rafraîchie et les enfants ont mis leur bonnet. 
Les hommes portent également leur coiffure traditionnelle, bonnet très haut, et les femmes souvent habillées en noir, portent un fichu sur leurs cheveux. Parfois on voit des jeunes femmes, sans doute d’origine tziganes qui sont habillées de beaux habits soyeux et brillants. Je ne saurais distinguer les différentes origines ethniques des gens mais beaucoup ont un teint très basané, les cheveux très noirs. L’atmosphère dans les villages me rappelle l’ambiance qui régnait dans les années 50 quand nous allions en vacances chez la grand-mère à Avessac. Charrettes tirées par les chevaux, 
nombreux petits commerces, voitures rares, villageois discutant sur les pas de porte. Atmosphère plutôt paisible, personne ne se presse. Vers 13 heures nous déjeunons d’un hamburger (c’est tout ce que nous avons trouvé…) dans la petite ville de Zimnincea.
Un enterrement a lieu quand nous repartons. Les choristes qui portent les symboles religieux ont bien du mal à maintenir en l’air les sortes d’étendard tant le vent est fort. Ils en rigolent bien d’ailleurs ! L’enterrement n’a pas l’air trop triste. La famille et les proches suivent comme chez nous dans les villages le corbillard à l’intérieur duquel se trouve le défunt que l’on aperçoit derrière une vitre, car apparemment ici les morts ne sont pas enterrés dans un cercueil et sont sans doute ensevelis directement dans un linceul. À quoi sert d’ailleurs un cercueil ! À faire marcher les pompes funèbres ! Un simple drap suffit bien…
Nous reprenons donc la route portés par le vent tempétueux venant de l’Ouest. Sur la fin du parcours, la route est un peu plus difficile car la chaussée est très chaotique, déformée, parsemée de nids de poules, c’est un peu fatigant. Nous arrivons à Giurgiu vers 17H00. Nous trouvons un hôtel très cher…ici peu de choix, on a du mal à trouver le centre de cette ville dont l’entrée offre un spectacle peu reluisant de ruines industrielles. On a l’impression que dans ces zones que nous venons de traverser l’industrie n’est plus qu’une ruine….

Le soir nous retrouvons avec plaisir nos compagnons cyclistes anglais  (un couple écossais et un homme de Sheffield qui a travaillé dans les années 70 en Roumanie à l’installation de presses pour les usines Dacia. Nous dinons ensemble au restaurant de l’hôtel. Eux sont partis de Budapest et vont jusqu’à la Mer Noire. On se reverra certainement sur le parcours. C’est assez amusant sur cette dernière partie car les étapes sont quasiment identiques pour tous les cyclistes compte tenu de la rareté des hébergements. On n'est pas très nombreux sur ce parcours c'est ce qui rend tout cela très convivial....


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